Login

Sommet de l’élevage La visite confidentielle de S. Le Foll déçoit les éleveurs sur le dossier FCO

Au Sommet de l'élevage, Stéphane Le Foll, face à une centaine d'éleveurs et de représentants de la filière viande bovine. (©Terre-net Média)

Mercredi 7 octobre, le ministre de l’agriculture est venu à la rencontre des éleveurs dans un Sommet de l’élevage « sans âme » car sans animaux. Mais sa visite très attendue sur le dossier de la FCO et ponctuée d'âpres échanges, déçoit les éleveurs et responsables professionnels.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Au Sommet de l'élevage, Stéphane Le Foll, face à une centaine d'éleveurs et de représentants de la filière viande bovine. (©Terre-net Média)

Entre l’habituel Conseil des ministres du mercredi et un déplacement à Moscou jeudi 8 octobre, Stéphane Le Foll est venu à la rencontre des éleveurs dans un Sommet de l’élevage 2015 bien particulier : l’étendue de la fièvre catarrhale ovine dans le principal bassin d’élevage allaitant a eu raison de la présence de tout bovin dans la grande halle de Cournon. « L’heure est grave. Un salon sans animaux, c’est un salon sans âme » a ainsi indroduit Jacques Chazalet, le président du salon en mot d’accueil au ministre de l’agriculture.

Si cette édition 2015 du Sommet de l’élevage est inédite, la visite du ministre l’est tout autant sur la forme. Au lieu de la traditionnelle « déambulation » dans les allées, Stéphane Le Foll a préféré l’échange en comité restreint – environ 120 éleveurs et représentants professionnels – dans une salle à l’écart du salon pour tenter d’apaiser les inquiétudes liées à la FCO. Car les conséquences de la maladie sont devenues en moins d’un mois l’un « des handicaps que les éleveurs du bassin allaitant cumulent », avec notamment les difficultés économiques, le déficit fourrager lié à la sécheresse et les dégradations causées par le campagnol.

Un « excès de contraintes » pour éviter de perdre des marchés

Pendant le discours du ministre, les éleveurs ont rapidement compris que les réponses apportées seraient insuffisantes. Et, pendant près d'une heure, de francs échanges se sont engagés, les éleveurs souhaitant notamment que soit annoncée la fusion de la zone interdite avec celle de protection pour une meilleure circulation des animaux.

« Il faut supprimer la zone interdite pour pouvoir continuer à exporter nos animaux », exhorte Yannick Fialip, président de la Fdsea de Haute-Loire. Or le ministre, qui reconnait que la France applique des restrictions plus strictes que celles imposées par l’UE, assure ne vouloir prendre aucun risque en la matière, craignant la remise en cause des protocoles en cours de discussion avec les pays acheteurs, notamment l’Italie, la Turquie et l’Algérie, et ainsi la perte pure et simple de marchés entiers à l’export.

Stéphane Le Foll, à l'issue de ses échanges parfois musclés avec les éleveurs au Sommet de l'élevage. (©Terre-net Média)

Pour l'heure, et au grand dam des éleveurs, le ministre de l'agriculture a conclu un seul protocole d'export avec l'Espagne. Les protocoles pour l'Italie, l'Algérie et la Turquie sont toujours en cours de négociation.

Sur la question du zonage, le ministre s’en remet aux résultats de la surveillance attendus lundi prochain pour définir une stratégie mardi 13 octobre. En attendant, sur le terrain, les animaux patientent dans les élevages et les éleveurs s’impatientent : selon la Fnsea, « 150 000 animaux ne peuvent être commercialisés et sont bloqués dans les élevages ». Et ce sont 500 000 animaux qu’il faut commercialiser d’ici la fin 2015.

Les représentants de la filière bovine ont tour à tour interpellé le ministre sur l’urgence de la situation. « Je reçois des dizaines de coups de fil d’éleveurs. Certains pleurent. D’autres sont au bord du suicide, a expliqué Pascal Lerousseau, coordonnateur du berceau des races à viande du grand Massif central, dénonçant au passage la lenteur de l’action ministérielle. Certains éleveurs ne peuvent rentrer leurs animaux et les nourrir. »

« Le pire est à craindre pour novembre »

Les animaux destinés à l’export devront de toute évidence rester sur l’exploitation ou le centre d’allotement pendant au moins un mois. La deuxième injection nécessaire à la vaccination ne peut intervenir que trois semaines après la première. Et, pour le marché italien, un délai de 10 jours après la deuxième injection doit encore être respecté. Dans ce contexte, la profession craint le pire courant novembre.

Le ministre a rappelé que « 500 000 premières vaccinations ont d’ores-et-déjà été effectuées ». Selon lui, près de 3 millions de doses sont disponibles, permettant de vacciner tous les animaux destinés à l’export.

D’un point de vue économique, la situation déjà très difficile pour les éleveurs risque de s’avérer intenable à très court terme. Joël Limouzin a assuré que le Fonds national de mutualisation sanitaire et environnementale qu’il préside pourrait participer à l’indemnisation des surcoûts induits par le maintien des animaux sur l’exploitation. Mais le ministère doit encore confirmer son engagement de prendre en charge 65 % de l’enveloppe totale dédiée.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement